L'observatoire de Samarcande

 

L’observatoire a été construit par Ulugh Beg de 1420 à 1429 ap J.C., sur la colline Kohik au nord de Samarcande, mais aucun document explicitant l'architecture de l'Observatoire n'a été retrouvé. L'Observatoire ayant probablement été détruit au 16ème siècle, son emplacement n'était même plus connu, jusqu'à ce que des fouilles soient entreprises au début du 20ème siècle par V.L. Vyatkin, sur la base de divers documents (Baburname/16èmeS, Samariya/19èmeS, et surtout un document vaqf sur les propriétés cadastrales datant du 17ème).

Les fouilles ont permis de dégager les fondations de l’observatoire et d'essayer de comprendre l’aménagement des lieux. (Cheglov V, 1968), (Вступительная статья, 1968). Après une longue interruption, les fouilles ont été reprises en 1941 par un groupe conduit par I.A. Suxarev, du Musée Archéologique de Samarcande, puis complétées en 1948 par l’archéologue Shishkinym.

Plusieurs hypothèses ont été émises pour tenter de représenter l'architecture de l'observatoire et son aménagement intérieur, et parmi elles nous retiendrons celle illustrée par une maquette au Musée d'Histoire de Tachkent (voir le diaporama représentant la maquette ci-après). Il s’agirait d’un bâtiment circulaire de 3 étages, avec de nombreuses arches, un diamètre de 48m et une hauteur hors sol de 45m; il devait abriter de nombreux instruments de mesure et d’observation,  dont un grand sextant curviligne (le sextant pouvant être un quadrant, l'hypothèse n'étant pas exclue).  Dans la suite nous avons adopté l'hypothèse du sextant                              

 

 

L’Observatoire de Samarcande a périclité dès la mort d’Ulugh Beg, et a été probablement détruit au 16ème. Babur en effet, dans ses récits de conquête, mentionne encore l'existence à Samarcande de ce grand bâtiment cylindrique couvert en tuiles (Babur, 1980).

 

 

Le sextant

Vestiges  du sextant, Musée de l’Observatoire d’Ulugh Beg de Samarcande (photo : C. Ollagnier, 2008)
Vestiges du sextant, Musée de l’Observatoire d’Ulugh Beg de Samarcande (photo : C. Ollagnier, 2008)

L’instrument d’astronomie le plus important de l’observatoire était un sextant, le plus grand instrument de mesure  méridienne jamais construit, orienté selon le méridien, qui permettait de mesurer la position des astres au dessus de l’horizon et leur passage au méridien. (Rousseau, 2009).

 

Le sextant avait un diamètre global de 84m, le double de celui de Fakhri (Al-Khuyandi, du 10ème siècle), dont il se serait inspiré. La partie utile était un arc de cercle gradué en degrés de 20° à 80°, en minutes et peut-être en secondes d’arc, limité de chaque côté par 2 bordures recouvertes de marbre. La partie inférieure de l'instrument était située à -11 mètres sous la terre.

 

Lors des fouilles, des fragments de graduations ont été mis en évidence sur la structure du sextant. On peut voir ci-dessous les graduations en chiffres arabes, sur une vingtaine de degrés, d'après un document du Musée de l'Observatoire de Samarcande.

 

Graduations en chiffres arabes relevées sur les cotés du quadrant. (Photos : M.Schvoerer et C.Ollagnier, 2008).
Graduations en chiffres arabes relevées sur les cotés du quadrant. (Photos : M.Schvoerer et C.Ollagnier, 2008).

 

 

 

 

instruments d'observation-sphère armillaire, cercle gradué- du musée d'astronomie Khubilai Khan de Pékin (source: membres.lycos.fr, 2009)
instruments d'observation-sphère armillaire, cercle gradué- du musée d'astronomie Khubilai Khan de Pékin (source: membres.lycos.fr, 2009)

Les autres instruments de mesure et d'observation censés être utilisés à l'Observatoire

 

L’observatoire devait être équipé de nombreux autres instruments scientifiques, qui permettaient d’explorer le ciel et complétaient la spécialisation en observation méridienne du sextant, puisqu'ils ont permis d’établir avec une grande précision les tables astronomiques et de décrire la sphère céleste, avec la position des astres, dont les diverses planètes Saturne, Jupiter,...

Parmi les autres instruments présents dans l’observatoire, il devait y avoir divers matériels du type:

- pour l'observation: sphère armillaire qui servait à  représenter le ciel,  astrolabe, cercle azimutal gradué,...

- pour la mesure du temps: cadran solaire qui remplaçait le gnomon utilisé depuis les grecs, clepsydre à eau en l'absence de soleil; en effet la mesure du temps est tout a fait primordiale pour déterminer les coordonnées célestes. 

Il n'existe aucune trace de ces instruments, qui ont du disparaître avec l'observatoire, car certains devaient être en métaux nobles.

Des instruments de ce type, dont on donne des images ci-après, sont exposés aujourd'hui, à l’observatoire Khubilai Khan de Pekin. (Dutarte, 2007).