En construction - Under construction

Le conquérant

 

Timur, signifie « fer » en turco-mongol, Timur Lang ou Timur le boiteux, ce qui en France a donné le nom de Tamerlan. Il est le fondateur de la dynastie timouride, qui dirigea l’Asie Centrale et la Perse orientale de 1370 à 1507 ap J.C. (Brill, 1993).

Né en 1336 ap J.C., près de Samarkand, à Kesh, plus connu sous le nom de Shahrisabz, dans l’Ouzbékistan actuel. Son père est un nobliau du clan Barlas, tribu mongole importante. Sa famille est convertie à l’islam. 

Un conquérant infatigable

Son ascension commence lorsque le roi de Transoxiane est assassiné. Sa mort déclenche une guerre des clans pendant laquelle le jeune Timur combat son oncle, qui cherche à mettre la main sur son domaine. Il est blessé à la jambe, on l’appellera alors le boiteux ("leng"). Malgré tout il ne s’arrêtera jamais de conquérir de nouveaux territoires avec des soldats de plus en plus nombreux.

 

 

En Asie et Moyen-Orient

En 1362, il a 26 ans quand il entreprend la conquête de la Transoxiane et Kesh, sa ville natale. Il y réunit ses fidèles, s’attache des clans étrangers et dit qu’il a reçu la révélation d’Allah. Son beau-frère, qui tente de l’évincer du pouvoir, en 1370 est passé par les armes, comme tous les traitres. Timour savait que le pays avait besoin d’être dirigé fermement afin de pouvoir assurer un commerce stable et la prospérité des villes et villages. Il était soutenu dans sa tâche par des artisans aisés, des marchands, des agriculteurs et des membres du clergé musulman qui  aspiraient à lancer une expédition dans le but de ramener un butin, lui-même s’était fixé ce but.

Il protégea les frontières de son état contre les attaques, puis en 1370 s’installa à Samarcande où il entama la construction d’une muraille, d’une citadelle et de palais disparus aujourd'hui. Pourquoi avoir choisi cette ville ? Plusieurs raisons : c’était une ville antique (Afrasiab), sa situation géographique avantageuse, au centre de son état, de l’eau en abondance, entourée de montagnes de trois cotés, et dans les environs d’immenses ressources agricoles.

 

Politiquement, il revendique  le titre de Grand Emir et veut unifier tous les musulmans d’Asie autour de la Transoxiane en un grand califat. En 1372, (il a 36 ans) Timur attaque le Khorezm qui s’était détaché de la Horde d’Or et était devenu indépendant. Il mit 16 ans pour soumettre la capitale, Ourgentch, qui était l’une des villes commerciales les plus importantes de l’Asie Centrale. Elle fut totalement dévastée.

 

Au total, il va se battre pendant quatre décennies, avec des armées de milliers d’hommes, déroutant ses ennemis, par la stratégie, la mobilité et la puissance de tir de ses archers à cheval, appuyés par une cavalerie lourde, des éléphants et une infanterie nombreuse. Les armées des territoires conquis étaient enrolées au fur et à mesure des conquêtes, chacune ajoutant sa force et ses caractéristiques à l'ensemble (les archers à cheval des plaines, l'infanterie indienne, etc.). Pour augmenter l'efficacité de ses hommes, Timur appliquait une politique égalitaire basée sur la seule bravoure aux armes, éliminant ainsi les fils des familles nobles/riches  n'ayant pas de réelles capacités. C'est (notamment) cette politique, exprimée dans son Code, qui lui permit d'étendre rapidement son domaine.

 

Sans tenir compte du clan ou de la classe sociale, le service militaire est ouvert à tous les volontaires. Les soldats braves et courageux, qui ne tenaient pas compte du clan ou de la classe sociale, avaient le droit d’atteindre le maximum de leur potentiel. Je récompensais mes Emirs et mes soldats avec honneurs et bijoux et les invitais à participer à mes banquets.

Le Code du Timour

Vallée de Karkara (Chenevière, 1998)
Vallée de Karkara (Chenevière, 1998)

Il sut combiner ses traditions nomades avec celles des peuples conquis, en adaptant des anciennes ou en créant de nouvelles.  C'est le cas dans la vallée de Karkara entre le Kazakhstan et le Kyrghyzstan actuel, au nord de l’Ouzbékistan qui est connue pour son « tas de pierres de Tamerlan ». Selon la légende, chaque guerrier devait y déposer une pierre avant de partir au combat, et en reprendre une, à son retour. Le conquérant pouvait ainsi compter ses pertes (Chenevière, 1998).

Bagdad est prise en 1393, puis Delhi en 1398 (Roux, 1997) qu’il soumet avec ses éléphants de combat. Il va envahir l’Iran, l’Arménie, la Géorgie, l’Azerbaïdjan du sud. Dévastant impitoyablement les pays envahis, Timur terrorisait les populations par sa cruauté. En 1387, il attaqua Hérat, ordonna d’exécuter 70 000 habitants et de construire avec leurs cranes d’immenses tours, pour servir d’exemples aux peuples qui résisteraient. L’empire de Timur s’étend de la mer Noire à l’Inde et du sud de l’Iran au Kazakhstan. Redoutable conquérant, mais ignorant les lois de la pacification et de l’occupation. En 1400, son grand rival, Bajazet Ier est le sultan ottoman qui fait trembler d’effroi l’Europe. Ce fut la confrontation des intérêts de deux envahisseurs. Timur commence une campagne par une sanglante chevauchée à travers la Géorgie, l’Arménie, la Syrie, et l’Anatolie. Les fantassins ottomans, vêtus de noir et d’argent et de cotte de mailles, les cavaliers archers timourides en beige clair, jaune, bleu. Il capture Bajazet qui restera le restant de sa vie dans une cage de fer. (Roux, 1997)

Relations avec l'Europe 

Parmi les rois européens, en France Charles VI (1368-1422), en Angleterre Henri IV (1367-1413)] c’est le roi de Castille Henri III (1374-1406) qui envoya des émissaires chargés de recueillir des informations sur Timour et son empire. Ruy Gonzales de Clavijo, l’ambassadeur envoyé en observateur lors des fêtes après la victoire sur Bajazet, en fit dans son journal pendant trois ans un rapport détaillé. Il apprendra que Timur s’était fixé un but : régner sur les voies du commerce caravanier international de l’Europe à l’Extrême-Orient.

Les routes de la soie

Après avoir pris possession des principaux axes de ce qu’on appelle « routes de la soie » qui partait des pays d’Europe vers l’Inde, la Chine et passait dans le sens du retour par l’Asie centrale, Timour prit des mesures pour garantir la sécurité des caravanes et se consacrèrent aux  relations commerciales et diplomatiques extérieures entre l’Orient et l’Occident. Un système de gestion totalement nouveau et de lois efficaces qui permirent à l’empire de se développer rapidement et de s’enrichir. C’est en contradiction avec les actes de barbarie et les dévastations pratiquées par ses soldats, sur ses ordres (Raymond, 2009)

La fin du chef de guerre 

Timur a 68 ans. Il mobilise à nouveau ses armées, pour attaquer la Chine, au mois de décembre. L’entreprise échoue et il meurt après une maladie le 19 janvier 1405 (Roux, 1997). Il souhaitait reposer à Shahrisabz auprès de son fils favori décédé prématurement, mais les conditions de successions aidant son corps sera déposé au Gur Emir (le "tombeau de l'Emir") à Samaracande, prévu à l'origine pour d'autres membres de sa famille.

Cénotaphe de Timur au Gur Emir, Samarcande (photo : M.Schvoerer, 2007)
Cénotaphe de Timur au Gur Emir, Samarcande (photo : M.Schvoerer, 2007)

Son cénotaphe (tombeau décoratif sans corps) est unique, taillé dans un bloc de néphrite noire provenant de Mongolie. Le tombeau qui devait être provisoire devint permanent, la dépouille de Timour installée dans le crypte  étant rapidement rejointe par d'autres (Shah Ruk, Ulugh Beg, etc.).  Le mausolée devint alors un complexe comprenant en plus du tombeau, une madrasa ainsi qu'un lieu de retraite pour les fidèles. (Chuvin, 1999)